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Coronavirus: l’Afrique face à la pandémie le lundi 18 mai

Selon le CDC, le centre de prévention des maladies de l’Union africaine, le continent recensait ce lundi 84 872 cas de Covid-19, et 2 771 décès dus à la maladie. Les États les plus touchés sont l’Afrique du Sud, l’Égypte, l’Algérie, le Maroc et le Nigéria.

  • Le Tchad revoit sa stratégie de lutte contre le Covid-19

Confronté à des critiques de plus en plus vives venants de l’opinion mais aussi des professionnels de la santé et de la classe politique, opposition et majorité confondus, tous inquiets face à l’explosionsde nouveaux cas, le président Idriss Déby a dissout vendredi dernier la cellule qui pilotait la riposte dirigée par le secrétaire général de la présidence pour créer un autre comité. Ce lundi, la nouvelle structure a annoncé de nouvelles mesures qui pourraient rassurer au moins pendant un moment, rapporte notre correspondant Madjiasra Nako.

Première décision : Les masques de protection vendus à 200 francs CFA seront distribuées gratuitement sur tout le territoire.  Deuxième décision : la direction opérationnelle de la lutte contre la Covid-19 est confiée aux spécialiste des sciences aussi bien dans la capitale que dans les provinces. Pendant ce temps, le gouvernement va commander, dans les meilleurs délais, le matériel médical qui manque depuis des semaines. On parle des tests et de cinq laboratoires mobiles. Jusque-là, le pays n’en avait qu’un seul.

Le Tchad envisage aussi commander du Covid-Organics, le médicament mis au point par Madagascar contre le coronavirus. Celui-ci devra être disponible dans toutes les provinces indique le communiqué publié lundi soir par le nouveau comité. Enfin, le nouvel organe a insisté sur le respect des mesures barrières qui ne sont pas rigoureusement suivies, faisant le lit à la pandémie. Un avertissement qui laisse entrevoir un risque de durcissement.

  • Le confinement prolongé de 3 semaines au Maroc

Invité à présenter aux parlementaires son plan de gestion de crise, le Premier ministre marocain Saâdeddine El Othmani a finalement annoncé la prolongation du confinement pour trois semaines, jusqu’au 10 juin prochain. Une extension de l’état d’urgence qui couvre donc la fin du ramadan, le week-end prochain. Le chef du gouvernement a ainsi déclaré « ne pas vouloir que les festivités de l’Aïd El Fitr se transforment en tragédie » après l’apparition de nouveaux foyers infectieux. Il a par ailleurs annoncé le lancement d’une plateforme en ligne pour recueillir les plaintes des familles qui n’auraient pu avoir accès aux aides publiques aux familles modestes. Le Maroc approche de la barre des 7 000 cas déclarés, pour 192 décès.

Le Maroc, dont un ressortissant, l’immunologiste Moncef Slaoui, a été chargé par Donald Trump de mener l’équipe américaine en charge de trouver un vaccin au Covid-19. Ce qu’il pense possible d’ici à la fin de l’année.
  • Premier jour de déconfinement à Brazzaville

Embouteillages monstres, stations de bus bondées, administrations ouvertes pendant de longues heures : Brazzaville a vécu lundi 18 mai le premier jour du déconfinement dans une grande ambiance. Coiffeurs, chauffeurs de taxis et de bus ont repris leur travail en observant les mesures barrières, mais sans rendre la tâche facile aux usagers des transports en commun. Non autorisés à rouvrir, les tenanciers des restaurants continuent à brûler d’impatience.

J’avais tout dépensé. Je n’ai plus rien là où vous me voyez. J’ai repris à zéro. Je suis content de reprendre. Aux clients, on va leur exiger les bavettes, le lavage des mains avant d’entrer dans le salon et on s’atteler à stériliser le matériel

Brazzaville déconfine –

  • L’appel à l’aide des professionnels du tourisme ivoirien

Le ministère ivoirien du Tourisme a organisé ce lundi une réunion avec les acteurs de la restauration, de l’hôtellerie et du voyage sur la relance des activités de ce secteur très touché par la crise. Selon le représentant patronal, les restaurants et hôtels ont connu une perte moyenne de 80 % de leur chiffre d’affaires. Une corporation au sein de laquelle règne un mécontentement certain actuellement : 150 restaurateurs se sont regroupés pour dénoncer l’arrêté ministériel du 16 avril, leur interdisant d’organiser eux-mêmes la livraison de repas à domicile. Les professionnels du tourisme se sentent oubliés par le plan de soutien économique de 1700 milliards de francs CFA annoncé par le gouvernement et appellent à l’aide pour survivre.

Quand vous êtes dans une telle situation, qu’on vous donne qu’un an pour rembourser, ce n’est pas suffisant. Nous allons demander à ce que cela soit revu. Parce qu’à la pratique, c’est intenable.

Réunion des professionnels du tourisme avec le ministère –

Par ailleurs, au cours d’une réunion entre le gouvernement, l’Union européenne et le secteur privé, l’Union européenne a annoncé un appui de 100 millions d’euros au plan de réponse économique à la crise du coronavirus dans le pays, en partenariat avec la Banque européenne d’investissement. Selon les derniers chiffres la Côte d’Ivoire connaît 2 109 cas de coronavirus, et 27 décès.

  • Au Soudan du Sud, Riek Machar testé positif

Riek Marchar a annoncé lui-même à la nation qu’il était atteint par le Covid-19. Le Premier vice-président avait ordonné jeudi dernier que toute la « task force » chargée de lutter contre l’épidémie, dont il est à le directeur adjoint, soit testée. Une décision prise après la contamination d’un membre de l’équipe au coronavirus.  Outre l’ancien chef rebelle, d’autres personnes faisant partie du comité, dont son épouse ministre de la Défense, ont aussi été infectés. Certains collaborateurs, et même des gardes du corps de Riek Machar, sont également malades. Le chef du SPLM-IO a assuré que la task force continuerait le travail, mais que lui et son épouse se mettraient en quarantaine dans leur résidence, où ils recevront des visites médicales.

Cette annonce tombe alors que le nombre de cas est en forte hausse au Soudan du Sud et que la gestion de l’épidémie par les autorités est critiquée. Le pays recense environ 200 malades, avec désormais plusieurs dizaines de nouveaux cas chaque jour. Une augmentation constatée depuis début mai, au moment où les restrictions prises pour lutter contre le Covid-19 ont été assouplies. Les boutiques ont rouvert, le couvre-feu a été raccourci, les taxi-moto ont de nouveau été autorisés à transporter des clients. Le 12 mai, 6 semaines après la fermeture des aéroports, les vols nationaux et internationaux ont même repris.

Certaines activistes avaient averti du risque d’un relâchement, accusant même des membres du gouvernement de ne pas respecter les mesures sanitaires. Lundi soir, lors de son annonce, Riek Machar ne portait d’ailleurs aucun masque.

  • Inquiétante baisse des vaccinations au Sénégal

Les autorités s’inquiètent d’une baisse de la vaccination dans le pays. En cette période, nombre de familles sénégalaises auraient peur de fréquenter les centres ou de laisser leurs enfants se faire vacciner. La faute en grande partie aux fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux. Le risque, c’est que la baisse de la couverture vaccinale crée de nouvelles épidémies : rougeole, fièvre jaune, coqueluche, sans oublier la poliomyélite et la tuberculose. Au Sénégal, la vaccination est gratuite, mais n’est pas obligatoire. Le Sénégal a enregistré ce undi un 28e décès lié au Covid-19.

  • Au Kenya, les syndicats de soignants repoussent leur grève

Après des discussions ce week-end avec le ministère de la Santé, les syndicats ont repoussé de 21 jours leur grève pour laisser une chance aux négociations. Un cadre du dialogue a été adopté pour continuer les contacts durant ces trois semaines. Même si ces revendications ne sont pas nouvelles, les relations entre le gouvernement et les professionnels de santé se sont tendues depuis l’arrivée du Covid-19, dont le Kenya a connu 912 cas, et 50 morts.

  • L’archevêque de Douala croit en son remède

Il refuse d’en divulguer la composition, mais Monseigneur Kleda fait le buzz au Cameroun : l’archevêque de Douala se dit sûr de l’efficacité de son breuvage à base de plantes contre le Covid-19, dont il soulagerait rapidement les effets selon son promoteur, qui parle de 900 personnes traitées, et aucun décès. Il se présente sous forme de gouttes à prendre diluées dans de l’eau, plusieurs fois par jour. Aucune étude n’a été menée, et l’ordre des médecins comme le ministère camerounais de la Santé accueillent ces affirmations avec prudence. Le ministère a envoyé à Douala une équipe « d’accompagnement » et « d’évaluation ».

Pour l’heure, aucun traitement n’a prouvé son efficacité contre le Covid-19. L’Organisation mondiale de la santé assure ne pas être opposée à la médecine traditionnelle, mais elle insiste sur la nécessité de soumettre chaque produit à des essais cliniques rigoureux. La Cameroun dénombre près de 3 000 cas recensés officiellement, et 139 morts du coronavirus.

  • Augmentation des agressions à l’encontre des soignants au Cameroun

Toujours au Cameroun, l’Ordre des médecins s’alarme d’une recrudescence de cas « d’agression physique ou verbale » contre le personnel soignant engagé dans la riposte au coronavirus. Et en particulier de la part de familles endeuillées par la pandémie, qui n’acceptent pas de ne pas pouvoir accéder au corps de leur proche décédé, pour raisons de sécurité sanitaire. Le secrétaire général de l’Ordre, le docteur Gervais Atedjoe demande aux autorités d’agir pour « sanctuariser » leur lieu de travail et aux familles éprouvées de « respecter le travail des médecins ».

«Rien ne justifie qu’on aille violenter un médecin sur son lieu de travail»

À l’issue d’un conseil extraordinaire, ce week-end, l’Ordre des médecins a une nouvelle fois demandé plus d’équipement pour protéger le personnel soignant, particulièrement exposé au virus, et ce partout, et pas uniquement dans les centres dédiés au Covid-19. Il recommande également que le secteur privé de la santé soit mieux intégré dans le dispositif de la riposte
  • À Madagascar, les écoles catholiques de Tamatave fermées

Par ailleurs, la direction diocésaine de l’éducation catholique a décidé de fermer à partir de ce lundi et jusqu’à nouvel ordre les écoles de Tamatave, grande ville portuaire de l’Est. Les établissements scolaires du pays avaient pu rouvrir il y a un mois pour les élèves passant des examens, une mesure alors critiquée par la société civile.

  • École à la radio au Burkina Faso

Avec la fermeture des écoles suite au coronavirus, le ministère de l’Éducation nationale et la promotion des langues nationales a entrepris de mettre à la disposition des élèves plusieurs supports pour la continuité de l’enseignement. Site internet, documents imprimés, cours à la radio et télévision. Une centaine de leçons, choisies parmi les matières essentielles sont diffusées sur les ondes de la radio des écoles et plusieurs autres publiques et privées du pays.

  • Pour Mamoudou Gazibo, la crise est l’occasion de repenser l’État en Afrique

« Impression d’un État au service des élites », « besoin d’un nouveau contrat avec la population », c’est ce qu’exprimait Mamoudou Gazibo professeur de sciences politiques à Montréal l’invité de RFI ce lundi. Selon ce dernier, les intellectuels africains doivent repenser un « État social », car le « tout marché ne peut fonctionner dans un pays qui ne transforme rien »

  • La crise a révélé l’utilité du CDC

Face au Covid-19, le Centre de prévention et de contrôle des maladies (CDC) de l’Union africaine est monté au front très tôt, tandis que l’Afrique de l’Ouest garde une longueur d’avance sur les autres communautés régionales, grâce à son expérience face au virus Ebola. Sabine Cessou fait le point sur les réponses institutionnelles à la crise.

RFI

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