Samedi 12 août 2017-Du football en passant par la faculté de médecine de l’Université de Shanghai en Chine à une double consécration mondiale, pour la Vice-championne du monde (100 et 200 m), Marie Josée Ta Lou, la légende continue sur les pistes d’athlétisme de la planète. Portrait d’une infatigable compétitrice.
De Dakar (Sénégal) à Shanghai (Chine) en passant par Rio de Janeiro (Brésil) à Londres (Grande Bretagne), la route a été longue pour l’Ivoirienne de 28 ans, Marie-Josée Ta Lou, jusqu’à sa double consécration mondiale en athlétisme. Pourtant, c’est par le football que cette double vice-championne du monde du sprint (100 et 200m) a fait ses premiers pas dans le monde du sport.
‘’Il ne voulait pas que je continue avec le football, craignant que je devienne un garçon. Certains de ses amis ont repéré mon talent de sprinteuse au cours des épreuves de course où je battais régulièrement des garçons avec plus de 60 à 80 mètres d’avance’’, se souvient l’athlète au micro d’un reporter de l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF).
A son frêle corps défendant, ‘’Marie-Jo’’ met, alors, une croix sur le football pour se consacrer à l’athlétisme. Encouragée, également, par une camarade d’école de sa mère, la jeune fille participe à un test de recrutement d’athlètes où elle bat à pieds nus et sans aucune ‘’préparation’’ toutes ses concurrentes.
C’est le début d’une nouvelle aventure pour Marie-Jo, devenue lycéenne. En 2007, elle fait ses premières apparitions sur une piste règlementaire d’athlétisme contre le gré de sa mère, secrétaire de direction qui rêvait plutôt d’une profession de médecin pour sa progéniture.
Surtout que bénéficiant d’une bourse de sport pour poursuivre ses études en Chine, en 2010, Marie-Josée Ta Lou s’est inscrite à l’Université de Shanghai.
‘’Après avoir obtenu mon diplôme d’études secondaires, j’ai commencé à étudier la médecine à l’université pour répondre aux souhaits de ma mère, mais à la fin de la saison 2013, je ne pouvais pas équilibrer les études et le sport. J’ai eu du mal à passer certains de mes examens avec le risque de perdre ma bourse’’, confie la championne ivoirienne.
‘’Mes résultats aux Championnats d’Afrique de 2012 m’avaient fait comprendre que j’avais le potentiel de devenir une sprinteuse d’élite, mais les choses ne fonctionnaient pas pour moi. Je ne pouvais plus rester en Chine, j’ai donc décidé de retourner en Côte d’Ivoire’’, ajoute-t-elle.
De retour au bercail, Ta Lou parvient tant bien que mal à intégrer le centre d’entraînement de haute performance de l’IAAF en Afrique de l’Ouest (basé à Lomé au Togo et à Dakar au Sénégal). Anthony Koffi devient officiellement à cette date son entraineur.
Au terme de sa saison aux championnats d’Afrique de Marrakech en 2014 où elle remporte le bronze sur 100 m, l’argent sur 200 m et le relais 4 x 100 m, Ta Lou reçoit une bourse de solidarité olympique pour préparer les Jeux olympiques de Rio 2016.
Son nouveau mandataire, Federico Rosa, lui ouvre au même moment les portes de la scène internationale à travers la Diamond League de l’IAAF. C’est le début de la consécration de celle que l’on surnomme ‘’la petite bombe du sprint’’ (1,59 m pour 50kg) ou encore ‘’ la globetrotteuse du sprint’’ (depuis l’ouverture de la saison 2017 elle a sillonné presque tous les continents pour participer à des meetings).
Ta Lou a connu une saison pleine en participant à 8 séries de la Diamond League 2017, améliorant son chrono au fil des épreuves. Elle commence d’abord à améliorer son meilleur temps personnel en courant en 22’’37 sur 200m au meeting d’Eugene (USA).
Dans ses deux courses suivantes à Paris (France) et Rabat (Maroc) elle termine à la 2è place derrière la double championne olympique Elaine Thompson. A Lausanne (Suisse), elle réussit à améliorer son record national de Côte d’Ivoire en réalisant un chrono de 22’’16, terminant 2è derrière Dafne Schippers.
Depuis vendredi, Marie-Josée Ta Lou a écrit une autre page de l’histoire de l’athlétisme ivoirien, après celle de Gabriel Tiacoh (1er ivoirien médaillé d’argent aux Jeux olympiques) et Murielle Ahouré (également double vice-championne du monde en 2013).
‘’J’ai montré aux jeunes générations que tout était possible à force de travail et d’abnégation’’, a-t-elle déclaré après sa finale du 100m concluant qu’ ‘’il y a des athlètes très talentueux dans mon pays qui n’ont pas les moyens nécessaires pour s’entraîner, mais je leur dis qu’ils doivent croire en eux-mêmes et travailler dur’’. Paroles d’une championne.
Avec APA