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Procès de Gbagbo: liberté provisoire ou acquittement, une décision attendue, mardi, à la CPI

Laurent Gbagbo, l’ex-président ivoirien (octobre 2000-avril 2011) et son ancien ministre de la jeunesse Charles Blé Goudé poursuivis par la Cour pénale internationale (CPI) connaitront leur sort, mardi, à l’issue de l’audience publique de la Chambre de Première Instance qui statuera sur la mise en liberté provisoire ou l’acquittement des deux co-détenus.

Poursuivis pour des faits de crimes contre l’humanité  liés à la crise post-électorale de décembre 2010 à avril 2011, ayant officiellement causé plus de 3000 morts,  Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont suspendus aux lèvres du juge-président Cuno Tarfusser qui se prononcera mardi sur les demandes de  liberté provisoire et d’acquittement formulées par leur défense respective depuis l’ouverture du procès le 28 janvier 2016.

Selon Me Charles Kinima avocat au barreau d’Abidjan joint au téléphone par APA, soulignant  sa non-proximité avec le dossier, au moins quatre  hypothèses se présentent dans le cas d’espèces aux juges de la Chambre.

Primo, les juges peuvent estimer que les charges de l’Accusation sont « insuffisantes et prononcer l’acquittement pur et simple ». Dans ce cas, les accusés  désormais libres, regagnent leur pays avec, cependant une particularité pour M. Gbagbo « condamné par la justice ivoirienne à 20 ans de prison dans le cadre de l’affaire du braquage de la BCEAO » et qui pourrait être retenu dans les liens de la détention en Côte d’Ivoire, soutient une autre source judiciaire.

Secundo, les juges accordent la liberté provisoire et rejettent l’acquittement. Ce qui, selon Me Dembélé Adama, est plus probable. Dans ce cas, explique Me Kinima, la CPI choisit pour les deux, un pays d’accueil présentant des garanties sécuritaires et de proximité avec la Cour d’où ils peuvent se rendre à tout moment pour nécessité de procédure. En l’espèce, la ville de Bruxelles en Belgique remplit les conditions définies par la Cour et peut valablement accueillir MM Gbagbo et Blé.

Tertio, les juges refusent la liberté provisoire et l’acquittement. « C’est peu probable avec les tractions qui se mènent. Il sera difficile que les juges refusent à la fois la liberté provisoire et l’acquittement », admet l’avocat.

En quatrième hypothèse, poursuit-il, « les juges peuvent ajourner la décision et fixer une autre audience, ce qui n’est pas exclu ». Dans tous les cas, une décision est attendue mardi du juge Tarfusser et de ses collègues de la Chambre.

Pendant ce temps, les partisans des deux détenus retiennent leur souffle à Abidjan. « Il y a longtemps que cette histoire dure. Il faut bien qu’une décision soit rendue demain après deux ans de procès d’un dossier vide », soutient Jacques N’da, enseignant de son état. Selon lui, « l’acquittement de Gbagbo et Blé pourrait donner un coup d’accélérateur à la réconciliation nationale ».

A Yopougon (Ouest d’Abidjan), commune supposée favorable à l’ex-président ivoirien, ses partisans s’activent pour ne pas rater cette « audience publique qui sera la dernière », soutient un responsable local du Front populaire ivoirien (FPI, parti de Laurent Gbagbo), convaincu que son champion « sera acquitté avec Blé car ils n’ont rien fait ».

Contrairement aux partisans de MM. Gbagbo et Blé Goudé, les victimes de la crise postélectorale ne sont pas favorables à leur libération.

Le Collectif des victimes en Côte d’Ivoire ( CVCI) a prévu un rassemblement ce lundi 14 janvier devant le Conseil national des droits de l’homme de Côte d’Ivoire (CNDHCI) pour dire non à une éventuelle libération provisoire de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo détenu à la Cour pénale internationale ( CPI). Mais, ce rassemblement a été très vite étouffé à Abidjan par la police.

Selon le président de ce collectif, Issiaka Diaby, l’ancien président ivoirien  ne doit pas être « éligible» à une mesure de liberté  provisoire. « La CPI doit mettre la question des victimes au coeur de  son processus. Nous attendons de la CPI, vérité, justice et réparation.  Si vous libérez les auteurs de crimes, c’est que vous encouragez aux  crimes », déduisait-il la semaine dernière.

Du côté des autorités ivoiriennes, notamment, sécuritaires, « il n’y a pas de dispositions particulières pour cette audience qui se déroule à des milliers de kilomètres d’ici », avance le Commissaire de Police Roger Kra de la cellule de communication de la Police nationale. « Non, il n’y a rien. Les dispositifs sécuritaires restent les mêmes », souligne-t-il.

Mi-décembre, des milliers de partisans de Laurent Gbagbo avaient manifesté, dans les rues abidjanaises et même de l’intérieur du pays, leur joie, suite à une rumeur faisant état de la libération provisoire par la CPI de l’ancien chef de l’Etat ivoirien et de son ex-ministre de la jeunesse. Une information démentie par la juridiction internationale.

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