Les avocats commis d’office pour l’ex-première dame ivoirienne, Simone Ehivet Gbagbo, ont dénoncé mardi devant la Cour d’assises d’Abidjan-Plateau un «manque de communication préalable» de l’ordonnance de nomination d’un juge-conseiller de la Cour.
Une vive polémique a suivi avec le parquet général et le président de la Cour qui soutiennent le contraire. Ladite ordonnance de nomination de Mme Fanta Touré, conseiller suppléant du président de la Cour en remplacement du conseiller Jean Oussou, empêché, a finalement été remise séance tenante par le greffe au Conseil de Mme Gbagbo.
Ces derniers ont souhaité bénéficié d’un autre délai pour «s’imprégner» de ladite ordonnance. Le juge Boiqui Kouadjo a accédé à cette dernière doléance de la défense et a renvoyé l’audience à mercredi.
«L’ordonnance de nomination leur a été remise depuis qu’ils m’ont adressé une correspondance», a soutenu le juge-président. Le procureur général Ali Yéo, lui, a estimé «ne pas comprendre cette nouvelle polémique». L’ancien bâtonnier, Claude Mentenon et l’équipe de la défense, quant à eux, ont expliqué que cette nouvelle exigence répond à leur souci d’assurer convenablement la défense de leur cliente qui « risque la condamnation à perpétuité».
« Ce n’est pas une manœuvre dilatoire. Nous sommes en matière d’assises et notre cliente risque la condamnation à perpétuité. Et nous, avocats de la défense, notre rôle, c’est de veiller à ce que la Cour respecte toutes les règles», a affirmé Me Amani Kouamé qui annonce que l’équipe de la défense est en « phase» avec Mme Gbagbo.
«Notre cliente se porte comme un charme. Nous nous sommes rencontrés plus de 3 fois. Elle coopère», a-t-il révélé. Justifiant l’absence de l’ex-première dame aux audiences depuis la suspension de la participation de ses premiers avocats, Me Kouamé a expliqué que ladite absence est liée à «l’incident de ceux-ci avec la Cour au sujet de la comparution des témoins dits clés».
Deux exceptions avaient été soulevées le 21 février dernier, date de la dernière audience, par les nouveaux avocats de Simone Gbagbo. La demande de nullité des débats pour défaut de signification à l’accusée de l’arrêt de mise en accusation et le défaut de communication préalable de l’ordonnance de nomination du conseiller suppléant.
La défense a finalement retiré à l’audience de ce jour, cette demande de nullité des débats après réception de l’arrêt de mise en accusation. En ce qui concerne le défaut de notification préalable de l’ordonnance nommant le conseiller suppléant de la Cour, cette exigence a, elle aussi, été satisfaite. L’épouse de Laurent Gbagbo est jugée devant les assises depuis le 31 mai 2016 pour crimes contre l’humanité commis pendant la crise postélectorale ivoirienne de décembre 2010 à avril 2011. Elle purge déjà une première peine de 20 ans pour atteinte à la sûreté de l’État.
L.Barro