Traoré Adama, le peintre ‘’sans bras’’, la curiosité du MASA 2018
Adama Traoré dit Adamo, peintre peu ordinaire, car manchot et infirme des membres inférieurs, attire la curiosité à l’esplanade du Palais de la Culture d’Abidjan où se tient depuis samedi, la 10è édition du Marché des Arts et Spectacles d’Abidjan (MASA).
Au milieu des cartons de papiers Canson (sa matière première), Adama Traoré ne laisse indifférent aucun participant au MASA. Le peintre ‘’sans bras’’ impressionne par sa dextérité à exercer son art. En dépit de son handicap, Adamo peint ses tableaux avec les pinceaux à la bouche.
A l’ouverture du MASA, autorités, artistes chevronnés, simples curieux, tous sont tombés d’admiration pour ‘’ce peintre courageux qui est un modèle pour ceux qui prétextent de leur handicap pour quémander’’, apprécie un diplomate africain.
L’histoire d’Adama Traoré (38 ans) commence dans la commune de Treichville qui l’a vu naître ‘’infirme et sans mes deux bras’’, précise-t-il, et où jusqu’à l’âge de neuf ans, il était ‘’une charge pour mes parents qui ne m’ont pas scolarisé’’.
Mais le destin de l’artiste ‘’surdoué’’ va basculer lorsque la Française Marie Odile Bilberon, alors directrice de La Providence, un centre pour enfants handicapés, l’accueille pour s’occuper de son éducation.
‘’C’est dans ce centre où nous étions près de 200 pensionnaires que je m’initie au dessein grâce à Marie Odile qui m’a appris à mettre les couleurs, à les harmoniser avec du gouache’’, se souvient-il.
Au fil des ans, Adamo prend conscience de ses énormes potentialités de peintre. ‘’Le stylo entre le menton et le bout des bras qui lui reste, Adamo s’applique avec une précision inimaginable’’, témoigne Lassina Traoré, son compagnon du centre ‘’La Providence’’ qui fait office de ‘’manager’’ aux côtés du peintre.
Les toiles d’Adamo s’inspirent de ‘’la nature’’ qui selon lui, ‘’se dégrade aujourd’hui à cause des actions’’ de l’homme. ‘’Mes tableaux éveillent la conscience collective, tirent la sonnette d’alarme sur les questions de l’écologie et de la biodiversité’’.
C’est cet handicapé qui ne souhaite pas être regardé comme ‘’un débrouillard’’ mais comme ‘’un artiste plein, un créateur’’ qui a été désigné en février 2016, mascotte du concept de ‘’ l’Ivoirien nouveau’’ pour son talent et son courage par le ministre de la Culture et de la Francophonie, Maurice Bandaman, le qualifiant de ‘’symbole vivant’’.
En août de la même année, Adamo enlève le Prix d’Excellence du gouvernement ivoirien avec une enveloppe de 10 millions et un diplôme pour l’ensemble de ses œuvres malgré son handicap. ‘’2016 c’était l’année de mon année’’, se délecte-t-il.
Au MASA 2018, l’esplanade qui lui sert de lieu d’exposition de ses tableaux dont les prix varient entre 5000 F et 40.000F, ne désemplie pas. Au troisième jour du marché, l’artiste se dit ‘’confiant pour la suite, car de nombreux contacts ont été noués’’.