
Yoro Tapeko Max Landry, ex-milicien et ex-membre des deux commandos qui ont effectué le 4 avril 2011, la mission d’enlèvement des 4 disparus de l’hôtel Novotel d’Abidjan, à raconté mardi à la barre de la cour d’assises du tribunal de Yopougon ( ouest d’Abidjan) quelques détails de l’opération. « Le 04 avril 2011 entre 13h et 14h, j’ai appris, après un rassemblement au palais présidentiel, qu’un commando devait se rendre à l’hôtel Novotel pour arrêter des espions, des snipers et des journalistes. 4 personnes ont été désignées dans notre groupe »November one » dont moi-même pour accompagner le groupe »Sierra 9 » pour aller au Novotel. L’ordre de cette mission avait été donné par le commissaire Osée Loguey», a expliqué au juge M.Yoro Tapeko alias « ordinateur».
Poursuivant, le co-accusé de l’ex patron de garde républicaine ivoirienne, Brunot Dogbo Blé, a fait savoir qu’une fois au Novotel, sa présence sur les lieux avait consisté, de par ses connaissances en informatique et sa maîtrise des caméras de surveillance , à localiser les 4 otages à partir des caméras de surveillance du bureau de réception de l’hôtel.
« Ils m’ont fait entrer au bureau de réception et ils m’ont mis face à un écran et je devais leur montrer le 7ème étage où étaient M. Lambellin et autres. Après l’enlèvement, nous avons conduit les 4 otages au poste de commandement du palais présidentiel dirigé par le colonel Ohoukou Mody», a-t-il indiqué avant de charger à nouveau, le commissaire Osée Loguey comme étant celui qui a soumis les 04 otages à un «interrogatoire musclé» après leur arrivée au palais présidentiel.
« J’entendais des cris des otages lors de leur audition. Surtout, ceux de Yves Lambellin qui était apeuré», a révélé M. Yoro Tapeko qui a, par ailleurs, révélé avoir été l’un de ceux qui étaient en charge de transporter les objets personnels des 4 otages ( téléphones, ordinateurs, documents) jusqu’au bureau du chef du poste de commandement de la présidence. Acculé par la suite, par les questions de la défense, notamment, celles de Me Rodrigue Dadjé tendant à relever certaines incohérences de sa déposition, M. Yoro a juré « n’avoir jamais menti depuis son instruction jusqu’à ce jour» .
« Vous n’avez pas à vous inquiéter. Loin de moi l’idée de vous bâillonner. J’ai eu le sentiment que Me Dadjé faisait du surplace. Car, les observations et les questions devraient nous permettre d’avancer», a justifié le juge Mourlaye Cissoko à l’endroit de la défense, visiblement mécontente du recadrage récurrent du président de la cour, lorsque que leur confrère Rodrigue Dadjé procédait à l’interrogatoire de l’accusé Yoro Tapeko.
Plus tôt dans la matinée, Don Joël, ex-militaire de la garde républicaine ivoirienne en service au poste de commandement de la présidence au moment des faits et accusé de «disparition de cadavres», a reconnu avoir seulement participé à l’enlèvement d’un seul corps sur les 4 victimes, de la cour de la présidence sur instruction du colonel Ohoukou Mody. « J’ai aidé à enlever un seul corps. J’ai vu les otages vivants. Mais, je ne sais pas de quoi ils sont morts», a-t-il soutenu.
L’ancien commandant de la garde républicaine ivoirienne, Dogbo Blé Brunot, les colonels Ohoukou Mody et Jean Aby, le commissaire Osée Loguey et 6 co-accusés dont deux civils, sont les 10 mis en cause dans ce procès. Ils sont poursuivis par le ministère public pour « Enlèvement, séquestration, assassinats, disparition de cadavres» des Français, Yves Lambellin et Frantz Stéphane Di Rippel, respectivement ex-directeur général du groupe Sifca et ex-directeur général de l’hôtel Novotel, du béninois Raoul Adeossi et du malaisien Chelliah Pandian le 04 avril 2011 pendant la crise postélectorale ivoirienne.
L.Barro
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