Procès des disparus du Novotel: Dogbo Blé clame son innocence, accuse la France et l’ONU
Auditionné mercredi à la barre de la cour d’assises du tribunal de première instance de Yopougon, à l’ouest d’Abidjan, dans le cadre du procès des disparus de l’hôtel Novotel d’Abidjan , l’ex-commandant de la garde républicaine ivoirienne, Dogbo Blé Brunot, a clamé son innocence et accusé la France et les Nations-unies.
«M. le président, devant vous ce matin, j’ai la conscience tranquille et en paix. Pas Par orgueil. Parce que, je suis innocent et c’est ce que je vais démontrer… Yves Lambellin et les 3 autres sont morts, c’est parce que la France et l’Onu ont voulu qu’ils meurent et pas n’importe où Mais, au palais présidentiel», a accusé l’ancien commandant militaire de la présidence ivoirienne. Pour soutenir la thèse de son innocence devant les charges d’enlèvement, de séquestration et d’assassinats qui lui sont reprochées, le général Dogbo Blé a construit son argumentaire autour de «trois faits en amont du 04 avril 2011» selon sa propre expression. «Le président Laurent Gbagbo nous avait instruit de ne toucher à aucun ressortissant français pendant cette crise pour ne pas leur donner un prétexte pour nous attaquer.
En plus de cela, les 6 centres opérationnelles de la villes d’Abidjan n’étaient pas sous mon contrôle. Mais plutôt, sous le contrôle du général Detho Letho alors commandant des forces terrestres», a-t-il expliqué ajoutant que: «La troisième chose, c’est que le 04 avril 2011, les forces françaises et les forces onusiennes étaient elles aussi présentes au Plateau et que L’hôtel Novotel était un centre de regroupement au nez et à la barbe des forces françaises. Comment comprendre qu’au Novotel où il y avait plusieurs ressortissants français, la France n’a mis aucun dispositif pour sécuriser ses ressortissants ? », s’est interrogé M. Dogbo qui a invité la cour a entendre l’ambassadeur français et le commandant de la licorne pour la « manifestion de la vérité».
Poursuivant son argumentaire, le général, Dogbo Blé s’est offusqué des charges contenues dans l’ordonnance de renvoi à son encontre. « Ce que les gens ne savent pas c’est que M. Lambellin était l’ami du président Gbagbo. L’ordonnance de renvoi dit que le ministre Alcide Djédje m’a donné l’ordre de libérer les otages et que j’aurai refusé. C’est un mensonge», a-t-il déclaré expliquant que M. Alcide Djédjé, alors ministre des affaires étrangères l’aurait effectivement appelé pour savoir s’ils détenaient des Français à la présidence.
Et qu’il aurait répondu par la négative se référant aux informations que lui avait donné son adjoint le colonel Jean Aby». L’ancien patron de la garde républicaine ivoirienne a, pour corser sa démonstration, révélé devant la cour son agenda du 04 avril 2011, jour des faits. « Dans l’après-midi, j’étais au palais présidentiel et j’ai reçu l’appel téléphonique du ministre Alcide Djédjé. 30 minutes après cette conversation, 3 MI-24 de l’armée française ont commencé à bombarder le palais. Ils ont attaqué à trois rotations et après ils sont allés sur la résidence du président Gbagbo», a-t-il déclaré.
« c’est après cette attaque aérienne qui s’est mué après en une attaque terrestre que le colonel Mody est venu me dire qu’il y avait des Français détenu et qu’ils seraient morts après les bombardements. Comment ils sont arrivés et comment ils sont morts ? Lui ai-je demandé», a soutenu M. Dogbo qui reconnaît avoir donner l’ordre au colonel Mody de »faire sortir discrètement les corps du palais » en raison des risques d’épidémie que la présence prolongée de cadavres pourrait provoquer.
« J’ai dit discrètement parce que les militaires font tout dans la discrétion. En plus, c’était pour ne pas affecter le moral de mes hommes au combat en voyant des cadavres que j’ai dit de sortir les corps discrètement. Ça n’avait pas autre signification. Sinon après bombardement des Français il y avait plus de 60 morts. Les 4 otages n’étaient pas les seuls morts», s’est défendu. Dogbo Blé qui n’eclut pas les 2 hypothèse selon lesquelles les 4 otages seraient morts du fait des bombardements français ou du fait d’éléments incontrôlés issus de ses rangs.