Société

Médicaments de la rue, pharmaciens ambulants : pourquoi ça marche

Alors que leurs collègues, vendeuses de médicaments par terre, sont sporadiquement intimidées par les autorités sanitaires, eux, semblent échapper à la vigilance de l’Etat. Eux, ce sont les vendeurs ambulants de médicaments tradi-modernes. Les gares de la Société des transports abidjanais ( SOTRA) et  les mini-cars appelés gbaka, sont leurs pharmacies.

Les milliers de personnes qui transitent quotidiennement par ces gares de la Sotra sont leurs patients et clients. Et ce, au mépris de la loi N° 2015-536 du 20 juillet 2015 relatif à l’exercice et à l’organisation de la médecine traditionnelle qui stipule dans l’une de ses dispositions que  » le ministre de la santé peut retirer l’autorisation d’exercice de la médecine traditionnelle si le praticien de médecine traditionnelle vend ses médicaments dans un lieu autre que son centre de médecine traditionnelle ».

La violation de cette disposition est passible d’une peine d’emprisonnement de 1 à 6 mois et d’une amende allant de 50.000 Fcfa à 100.000 Fcfa. Médicaments traditionnels et modernes, tout est vendu dans ces gares d’autobus avec pour dénominateur commun, la prouesse de soigner plusieurs maux à la fois. Une incursion dans leur officine de la gare nord d’Adjamé nous a permis de comprendre leur mode opératoire de vente et les motivations des usagers qui se procurent comme des petits pains, ces médicaments aux origines et au mode de conservation peu recommandables.

 » Bonjour chers parents de la ligne 13. Que le seigneur vous accompagne jusqu’à destination. Je vais vous présenter un médicament qui est la solution à  tous vos problèmes de douleurs lombaires, de faiblesse sexuelle, de perte blanche, de sinusite, de diabète et d’hypertension artérielle…. », a introduit devant une foule de passagers, le vendeur qui s’est présenté sous le nom de Dr Péhé.

Après quoi, l’homme, non sans un brin d’humour, a animé le quai et vanté les mérites et prouesses de ce liquide jaunâtre contenu dans une bouteille d’un litre et demi  qui soigne, à lui seul , tous ces maux. Convaincus par la démonstration du  »docteur ambulant », plusieurs passagers ont sorti la somme de 500 Fcfa pour se procurer le produit.

A côté de lui,  au quai de la ligne 29 reliant Adjamé à la commune de Port-Bouët, un autre  »médecin ambulant » est en attraction. Il anime, présente et  vante les mérites de ses médicaments.  » Je suis dans ce métier depuis plus de 10 ans. Je ne suis pas moi-même fabricant de ces produits chinois que je vends. Ils sont efficaces et les clients le savent. Voici pourquoi, ils l’achètent comme des petits pains. En plus, nous sommes crédibles sinon nous ne leur laisseront pas nos numéros de téléphone. Ici, c’est notre lieu de travail. Nous sommes là tous les jours, donc on ne peut pas vendre du faux », a confié en aparté Julien Kouadio.

 »Moi,  j’avais un problème de fibrome et j’avoue que depuis que j’ai commencé à utiliser le produit de l’un  de ces vendeurs, je suis soulagé. Et depuis lors, quand je suis de passage à la gare, je les écoute et je prends avec eux les médicaments qui m’intéressent sans hésiter », a expliqué dame Abiba Sanogo en partance pour Koumassi.

« Ce sont les médicaments contre l’hémorroïde que j’ai l’habitude d’acheter avec eux. C’est moins cher et très souvent efficace.  Je n’ai pas encore eu de problème en utilisant leurs médicaments », affirme, pour sa part, cet étudiant qui dit se prénommer Jonas. Les pharmaciens ambulants semblent certainement utiles à une certaine frange de la population au regard des témoignages. Toutefois, la vigilance est conseillée dans l’usage de ces médicaments non conventionnels.

L.Barro 

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