Insécurité/Le phénomène des ‘’microbes’’ refait surface à Abidjan
Les « microbes », ces adolescents dont l’âge varie entre 11 et 18 ans, ont refait surface. Lundi, ils ont agressé et laissé presque mort un homme au carrefour Ciné Cool, dans la commune d’Abobo.
Il est 22 heures, ce lundi soir, alors que nous passions par-là, notre attention est attirée par une foule de gens parmi lesquels on identifie clairement par leur tenue, des policiers. Nous nous approchons pour comprendre ce qui se passe. Au milieu de la foule, sur le sol, en position latérale de sécurité (PLS) un homme d’une trentaine d’année environ git, torse nu portant un pantalon, le crâne fracturé, tout sale comme s’il avait été traîné dans de la boue. Seuls les mouvements du ventre de la victime laissent entrevoir qu’elle est encore en vie. Renseignement pris auprès des curieux et des policiers, l’homme serait une victime des « microbes ».
Et l’un des policiers de supposer : « c’est certainement un microbe que ses collègues microbes ont battu à mort ». Non, sans préciser : « depuis 17 heures, ils (les microbes) sont déchainés. Actuellement, ils sont vers Ciné Cool (un sous-quartier situé à 5 minutes du lieu où nous étions) ».
Quant à Joël, étudiant présent sur les lieux, il pense que « c’est un innocent qui est victime de la barbarie de ces jeunes (les microbes) ». Il explique qu’il arrive « des soirs où ces derniers assis sur des bancs en bordure de la route, au carrefour Ciné Cool, dépouille tous les passants, automobilistes comme piétons, qui transitent par-là ». Les commentaires et suppositions allaient, en tous les cas, bon train et dans tous les sens.
Mais, la réalité était là, visible et implacable. Un homme avait été tabassé, le crâne fracturé et laissé au carrefour Ciné Cool, dans un état plus que critique. Et les policiers, une dizaine, deux patrouilles différentes (nous les avons entendu se dire les uns aux autres : « c’est votre zone »), causant et riant. Peut-être pour cacher leur impuissance devant ce phénomène que le sociologue Dr. Nahi Prégnon, dans une contribution paru chez un confrère impute à la guerre qu’a connue la Côte d’Ivoire à la suite des élections de fin 2010.
Un moment disparu grâce aux actions des forces de l’ordre notamment du Centre de coordination des décisions opérationnelles (CCDO) , le phénomène des microbes, depuis le samedi 5 octobre semble avoir ressurgi de plus belle. Toujours … à Abobo…
Franck ETTIEN