Phénomène des microbes à Abidjan: La menace s’accentue sur les Abobolais à quelques jours des fêtes de fin d’année
Sortir de chez soi à Abobo (quartier populaire de la capitale économique ivoirienne) pour aller vaquer à ses occupations et y retourner, sain et sauf, à la veille de ces périodes de fêtes, est une véritable grâce de Dieu. La roue de la terreur tourne et nul n’est à l’abri.
Des adolescents dont l’âge varie, généralement entre entre 10 et 18 ans, en tout cas, mineurs, pour la plupart et surnommés « microbes», terrorisent, volent, agressent et pillent les populations au vu et au su de tout le monde.
Après quelques mois de trêve, eux égard certainement, à la riposte momentanée des autorités sécuritaires ivoiriennes, ces jeunes délinquants, qui ont fini par étendre leur pratique dans la plupart des communes d’Abidjan, ont remis le couvert.
Et à l’approche de ces fêtes de fin d’année, leur menace s’accentue sur les populations, notamment, celles de leur cité originelle qu’est Abobo. Dans cette commune, la plus peuplée du pays, il ne se passe de jours, ces derniers temps, sans que les » microbes »ne fassent parler d’eux.
Leur mode opératoire n’a véritablement pas évolué : Munis d’armes blanches et de gourdins, ils neutralisent leurs victimes et emportent avec eux portables, bijoux, appareils électroniques et argent. A l’approche des fêtes de fin d’année, leur soif du gain facile s’est accrue et d’innocentes personnes paient, au prix de leurs vies parfois, la barbarie de ces jeunes délinquants.
Les témoignages des riverains de cette commune d’Abobo abondent, pour la plupart, dans le même sens. Tous se sentent menacés surtout ces temps-ci. « Avant, c’était pendant la nuit qu’ils agressaient. Mais, maintenant, il n’y a plus d’heure. Même en pleine journée, nous ne sommes pas épargnés. Lundi dernier, alors que j’étais de passage à Agbekoi-sous quartier d’Abobo-, sous mes yeux les microbes ont poignardé un jeune homme pour un téléphone portable dont la valeur ne vaut même pas 20.000 fcfa», s’est choqué Mamadou Touré , riverain d’Abobo depuis une dizaine d’années.
Poursuivant, le jeune homme nous apprend qu’il n’y a pas de sous-quartiers à l’abri des »microbes » à Abobo. « C’est Dieu qui peut t’épargner de ces malfaiteurs. Sinon ils sont partout à Abobo. Mais, les quartiers situés à quelques encablures de la mairie, sont les plus dangereux. Comme dans les sous-quartiers tels que Agbekoi, Colombie, Marley, derrière rails, Samaké, Ciné-cool, Gotham où ils en ont fait leur quartier général. Toute les fois que je suis hors d’Abobo, avant de retourner, j’appelle mes frères pour savoir comment est l’ambiance de la gare avant de rentrer pour ne pas tomber dans une embuscade de ces délinquants», a-t-il informé.
« Avant et après la visite du chef de l’État, la semaine dernière, des gens ont été agressé en pleine journée par ces microbes. En début de cette semaine, un enseignant du lycée moderne a été mortellement agressé par ces jeunes gens. On n’est pas sorti de l’auberge surtout pendant cette période de fêtes où chacun d’eux veut se faire des sous à tout prix», ajoute pour sa part, N’dri Ismaël, fripier résidant dans ladite commune.
Les multiples solutions contre les » enfants microbes » envisagées et mises en oeuvre par les autorités gouvernementales peinent à endiguer cette menace sociale. Après les projets de résocialisation de plusieurs de ces jeunes délinquants, le gouvernement ivoirien entend opter cette fois-ci, pour des » solutions plus pérennes ». « Les mesures engagées à l’époque étaient plus coercitives. Il s’agit maintenant de prendre le problème à l’origine pour trouver des solutions pérennes», rapportait à la presse, la porte-parole adjointe du gouvernement ivoirien, Affoussiata Bamba-Lamine, à l’issue du conseil des ministres du 07 décembre dernier.
«Pourvu que ça marche», souhaiteraient vivement les populations d’Abobo si l’on se réfère à leurs cris de détresse face à ces gangs de mineurs. C’est au lendemain de la crise post-électorale de 2011 que les »enfants microbes » ont commencé à faire parler d’eux. D’abord à Abobo, puis dans plusieurs autres communes d’Abidjan comme Attécoubé, Yopougon, Adjamé et Koumassi. Au regard de leur longévité dans le crime et leur expansion dans le pays, les autorités ivoiriennes gagneraient à élaborer des stratégies plus opérantes pour endiguer cette nouvelle forme de »banditisme à l’ivoirienne ».
L.Barro