Environnement

Cop 22 au Maroc/La 4ème Cop du continent qui ne pollue presque pas et qui ne sait rien

Lundi 7 novembre, s’est ouverte à Marrakech au Maroc, la 22ème Conférence des parties (Cop 22), un an après la 21ème qui a eu lieu à Paris. La deuxième fois dans cette ville ; la première, la Cop7 s’y étant tenue du 29 octobre au 9 novembre 2001. Mais, c’est la quatrième fois sur le continent noir en prenant en compte la 12èmeCop à Nairobi au Kenya et la 17ème à Durban, en Afrique du Sud. Quatre fois sur un continent qui ne pollue presque pas.

Puisque seul l’Afrique du Sud figure dans « l’effroyable » top 20 des pays pollueurs au 18ème rang avec son négligeable 0,33 milliard de tonnes d’émission de CO2 pour ne booster (sic !) la production totale de CO2 en Afrique qu’à, à peine, 4% du taux d’émission mondiale. Aux antipodes de la Chine et des USA qui émettent, à eux deux, près de 16 milliards de tonnes, plus du tiers de la production mondiale estimée à 35 milliards de tonnes. Le taux d’émission du continent est si négligeable que les populations sont encore à se demander ce que c’est que ça (le changement climatique)?

A Abidjan, ce jeudi, à la casse d’Abobo, au carrefour Anador, Nouho, au volant d’une Mitsubishi Lancer année 92 devrait créer la débandade tant la fumée qui sort de son pote d’échappement est épaisse et ressemble à celle d’un incendie de forêt. Que non ! Ibrahim peut déguster tranquillement la banane cuite à la braise qu’il tient dans la main. Aicha, une jeune vendeuse d’eau en sachet, ne cesse de crier « ya de l’eau hein ».

Et, ce monsieur aux lunettes légèrement fumées, dans une Berline grise, nous voyant promener notre micro pour demander aux uns et aux autres ce qu’est la pollution atmosphérique, de secouer la tête en signe de : « visiblement ce gars n’a rien compris ». « On est à Abobo ici. Ici, les gens ne comprennent pas ce que vous leur demandez », semblait-il se dire. Contraint de marquer un arrêt dans l’embouteillage monstre à ce carrefour Anador, nous profitons pour tendre notre micro à l’homme à ce dernier.

A la question, c’est quoi la pollution atmosphérique, Siéné Guy répond semble bien renseigné : « c’est quand il y a du gaz carbonique dans l’air ». Un esprit éclairé certainement. Aussi, enchainons-nous avec la deuxième question, « c’est quoi la COP (Conférence des partie) ? ». Réponse de Guy : « ça je ne sais pas trop ».

Nous échangeons quelques minutes avec Guy et reprenons notre chemin. Inutile de mentionner que ni Nouho, ni Aicha encore moins Ibrahim n’ont pu nous dire ce que c’est que la pollution atmosphérique à fortiori la Cop. Toute la matinée, d’Abobo à Cocody, puis  dans la commune du Plateau, en passant par Adjamé pour finir à Yopougon, la COP, un vrai charabia pour les personnes interrogées.

Nous n’avons pas fait le tour de l’Afrique, mais nous présumons qu’il en est ainsi sur la quasi-totalité du continent où le taux d’analphabétisme reste encore démentiel dans certains pays.Plus de 620 millions d’africains vivent aujourd’hui sans électricité et le continent présente le taux moyen d’électrification le plus faible parmi les régions en développement (42%).

Ce taux moyen masque de fortes disparités à l’échelle du continent : le taux d’électrification est, en effet, largement plus faible en Afrique subsaharienne, où il descend en dessous des 10% dans les zones rurales. Les préoccupations des Africains sont donc ailleurs. Donald Trump, le « novice politique » qui vient d’être élu aux Etats-Unis peut donc menacer de fouler au pied les accords obtenu à Paris, l’an dernier, lors de la Cop21.

Pourtant, cette Cop21-là avait eu des bonnes nouvelles pour l’Afrique. Notamment, que 5 milliards d’Euro sur 10 ans devraient être versés au continent par les pays pollueurs. Et que cette manne devrait servir à financer les énergies en Afrique. Une proposition qui avait rejoui l’ex-ministre français, Jean Louis Borlo, président de « Energies pour l’Afrique ».

La Cop22 se tient depuis le 7 novembre et qui prendra fin le 18 novembre fera certainement le point de l’application des accords de Paris. Mais, il est impérieux de mettre en place une stratégie d’explication plus populaire et accessible aux populations africaines. Car, bien qu’elle ne pollue presque pas, l’Afrique est la plus en danger. Il faut espérer que la trentaine de chefs d’Etat africains qui se réunira en sommet le 16 novembre prochain, en marge de la tenue de la COP22 s’y penche dans leurs négociations avec les pays pollueurs.

La Cop ou la Conférence des parties a été adoptée au cours du sommet de la de la Terre à Rio de Janeiro le 9 mai 1992. Signée par 196 pays, elle s’est fixé pour objectifs de lutter contre les changements climatiques. L’édition précédente s’est tenue à Paris, en France.

Franck Ettien

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